Cette critique se penche sur le livre de base du jeu de rôle L’Anneau Unique.
Ce livre à couverture rigide avec vernis sélectif compte 240 pages et un marque page en tissus. Le papier est mat et très épais avec fond jaune pâle ce qui donne un aspect vieux papier du plus bel effet. La reliure est de très belle qualité bien qu’assez rigide, ce qui rend difficile de laisser le livre ouvert et ne facilite pas les photos :o).
La mise en page est assez classique sur deux colonnes, mais elle est très aérée et comporte nombre d’encadrés qui isolent certains sujets pour plus de lisibilité. La mise en page est identique dans la VF et la VO, ce qui est très pratique car les références de pages sont identiques entre les deux versions.
Les pages sont toutes garnies de décorations rouges et brunes qui donnent un aspect vieux livre. Cela surcharge le texte mais au final la lecture n’en est pas rendue plus pénible et au fil des pages on finit à apprécier ces ornements.
Mention spéciale au sommaire, les sections de chaque chapitre étant disposées en colonnes, avec l’illustration couleur en en-tête du chapitre. C’est très joli mais surtout très pratique pour retrouver rapidement le section que l’on cherche. C’est une très bonne habitude qu’à pris Free League dans ses ouvrages.
Les illustrations sont de deux sortes : des illustrations couleur par Martin Grip (qui a illustré les jeux de rôle Alien et Blade Runner), en tête de chapitres, et des illustrations au crayonné dans le corps du texte. Elles sont de plusieurs artistes mais l’ensemble reste très homogène. Ces illustrations sont d’un très bon niveau et largement au dessus de ce que l’on trouve dans la moyenne des jeux de rôle.
Certains regrettent les illustrations de la première édition. Elles étaient toutes en couleur et d’un style plus rétro. C’est bien sûr une question de goût, mais pour ma part, je trouve les illustrations des deux versions très bien. Cependant, je peux comprendre que Free League ai souhaité faire travailler ses illustrateurs attitrés qui ont prouvé leur valeur dans leurs autres jeux de rôle.
Pour ce qui est de la qualité du texte, elle est excellente. Je n’ai relevé qu’une douzaine de coquilles et erreurs dans l’ensemble de l’ouvrage, ce qui est un quasi sans fautes. D’autre part, la traduction est très bonne et le style agréable à lire.
Le système est une évolution de celui de la première version de l’Anneau Unique, qui était paru en 2011 chez Cubicle7 et en 2012 pour la version française chez Edge. L’auteur du jeu, Francesco Nepitello a participé à cette nouvelle édition chez Free League, qui a récupéré la licence. Les règles ont été simplifiées pour plus de fluidité en cours de partie. On trouvera les différences entre les deux éditions dans ce document par Ghorin.
Les ouvrages de la précédente édition, une douzaine en tout, sont compatibles pour ce qui est du setting mais les scénarios nécessitent une adaptation, notamment pour les caractéristiques des adversaires. Les ouvrages de la précédente édition ne sont donc pas obsolètes et la plupart sont encore disponibles, en physique et en numérique.
La base du système est assez simple : les attributs (Corps, Cœur et Esprit) ont des valeurs de 2 à 7, qui dépendent le la culture choisie. La valeur de l’attribut permet de calculer un Seuil de Réussite (abrégé SR dans tout l’ouvrage) : SR = 20 - Attribut (ou SR = 18 - Attribut pour les courtes campagnes et la boîte d’initiation). Les compétences peuvent elles avoir des valeurs entre 0 et 6 et dépendent de la culture et de la vocation, à savoir ce qui pousse l’aventurier à prendre la route, une sorte de classe de personnage.
Pour faire un test avec une compétence donnée, il faut jeter un dé du Destin (d12 avec des faces de 1 à 10, une rune de Gandalf et l’œil de Sauron) et autant de dés de Maîtrise (des d6 avec une face ayant une rune de grande réussite) que la valeur de la compétence. La somme totale doit égaler ou dépasser le SR pour que l’action soit réussie. Une rune de Gandalf est une réussite automatique et l’œil de Sauron compte pour 0 ou un échec automatique dans certaines circonstances.
C’est donc un système ayant une base assez simple. Mais il est complété par de nombreux autres systèmes pour les Combats, Conseils (interactions sociales avec des PNJ importants), Voyages et phases de Communauté. La maîtrise de l’ensemble peut être assez difficile au premier abord. Il est donc fortement conseillé de commencer par jouer la boîte d’initiation qui comporte des règles simplifiées et élaguées des sous systèmes pour les Conseils, les Voyages et les phases de Communauté.
On peut être surpris que Free League n’aie pas utilisé son système maison Year Zero Engine pour motoriser le jeu après avoir acquis la licence. Mais ce n’est pas un mauvaise chose car le système de l’Anneau Unique est efficace et a l’avantage de ne pas perdre les joueurs de la précédente édition.
Le cadre du jeu est bien sûr la Terre du Milieu, mais contrairement à la première édition qui se passait pour l’essentiel dans les Terres Sauvages, à l’est des Monts Brumeux, cette édition a pour cadre l’Ériador, soit les terres à l’ouest des Monts Brumeux.
L’Ériador est décrit dans un chapitre dédié de manière assez succincte, sur une trentaine de pages. Cela est suffisant pour avoir une idée générale de ces terres assez désertées au troisième âge. La Comté est décrite en détail dans la boîte d’initiation. Free League publiera des suppléments qui détailleront certaines régions de l’Ériador. Un premier supplément est déjà paru en VO, Ruins of the Lost Realm, qui se penche sur la ville de Tharbad. D’autre part l’écran, paru en VO, inclut un livret qui décrit Fondcombe.
Le setting de l’Anneau Unique adopte un format en trois parties : une description générale, des lieux d’intérêt et des événements. Ce sont donc des bacs à sable assez ouverts dans lesquels le Gardien des Légende pourra y placer ses aventures. C’est un format très moderne qui est mis en œuvre dans les jeux Free League avec succès.
Si Free League adopte le même format de suppléments que Cubicle7, il devrait sortir pour chaque région un supplément de setting et un autre supplément associé pour la campagne ou les scénarios se déroulant dans la région.
À noter que les noms propres et toponymes sont ceux de l’ancienne traduction du Hobbit et du Seigneur des Anneaux, par Francis Ledoux et non ceux de la nouvelle traduction par Daniel Lauzon. Ce sont donc aussi les noms des films de Peter Jackson. Les nouveaux lecteurs pourront donc être un peu perdus s’ils ont lu la nouvelle traduction. Ceci dit, ce choix semble le plus judicieux dans la mesure où l’énorme majorité des joueurs aura connu les œuvres de Tolkien par les films.
Le livre de base ne contient pas de scénario mais un exemple de lieu d’intérêt, Une étoile dans le brume, qui illustre leur format de setting. Ce lieu pourra servir de cadre pour un scénario de quelques heures de jeu.
D’autre part, la boîte d’initiation contient une mini campagne de 5 scénarios qui peut être jouée avec les règles du livre de base, en y ajoutant les règles de Voyage et des phases de Communauté.
En attendant que Free League complète sa gamme, le Gardien des Légende peut d’ores et déjà utiliser les suppléments de setting et les campagnes de la gamme V1, avec un minimum d’adaptation.
L’Anneau Unique s’est forgé au cours des années la réputation d’être la meilleure adaptation des œuvres de Tolkien en jeu de rôle. C’est largement mérité, tant par le système de combat qui colle bien à l’action des ouvrages que par les règles pour les Voyages, les Conseils et les phases de Communauté. On est donc très loin du Portes Monstres Trésors de certains des plus anciens jeux de rôle.
Bien sûr, ce n’est pas un système parfait. On pourra par exemple lui reprocher de nécessiter des dés spéciaux, ou bien l’asymétrie des tests entre les PJ et PNJ. On pourra aussi être surpris par le plan de l’ouvrage qui place dans la section du Gardien des Légendes ou en annexes des sections qui auraient mérité d’être dans les sections de règles.
Mais au final, c’est une très grande réussite et la récupération de la licence par Free League est une bonne nouvelle tant cet éditeur se distingue par la qualité de ses productions. Ce jeu est donc absolument indispensable à tout rôliste amateurs de l’œuvre de Tolkien et pour ma part, j’ai pris un très grand plaisir à lire cet ouvrage.
C’est pour vous si :
Ce n’est pas pour vous si :
Enjoy!
